Entretien avec Alessandro Peritore, architecte d'intérieur italien

Comment vous est venue l'idée d’utiliser l’IA dans votre travail ?

Ces derniers temps, nous avons été inondés de nouvelles concernant les nouveaux systèmes d’intelligence artificielle développés ces dernières années. J'ai découvert ces systèmes pour la première fois en lisant un article Web sur un concours d'art remporté à l'aide d'un logiciel d'intelligence artificielle. La nouvelle a fait grand bruit dans le monde de l'art.

À partir de ce moment-là, j’ai eu envie de comprendre de quoi il s’agissait. Par la suite, je me suis demandé : comment pouvons-nous utiliser cette grande base de données d’images à notre avantage dans le domaine de l’architecture intérieure et du design ? Et comment pouvons-nous utiliser ce logiciel de manière consciente pour une mise en œuvre réelle dans le monde de la construction architecturale ? De ces intentions ont commencé mes recherches.

Dans vos créations, quel logiciel utilisez-vous ?

Il existe une grande variété de logiciels capables de l'architecture intérieure de générer des images à partir d’une simple saisie texte. Certains sont plus performants que d’autres, mais le rendu tend à être optimal dans la plupart de ces logiciels de synthèse texte-image. Cela dépend de l’objectif pour lequel nous utilisons l’intelligence artificielle.

J'utilise le logiciel MidJourney car il offre un large éventail de possibilités stylistiques et une mise à jour constante de ses versions. Mes recherches, en utilisant ce logiciel, ont porté sur l'étude d'une forme correcte et performante pour la saisie textuelle insérée dans MidJourney.

Pouvez-vous citer 3 avantages ? Et 3 limites à l’utilisation de l’IA en architecture d’intérieur ?

Les avantages de l'utilisation de ces logiciels, dans le processus de conceptualisation du projet en architecture d’intérieur ou en design, sont multiples.

Un grand avantage est de pouvoir obtenir un résultat visuel immédiat de l’idée développée. Ensuite, un autre avantage est d’utiliser ces images comme expériences visuelles du processus de conception. Enfin, l'utilisation de l’Intelligence Artificielle présente le grand avantage de pouvoir modifier rapidement l'image et d'obtenir un résultat visuel rapide.

Les limites de ce logiciel sont encore nombreuses et le principal défi est de comprendre comment fournir les bonnes entrées à la machine. Ces logiciels ne comprennent pas encore bien les saisies textuelles visant un espace dimensionnel hypothétique avec des mesures établies, ou encore le logiciel ne comprend pas la demande d'insertion d'un certain nombre d'éléments dans la scène.

De plus, ces logiciels génèrent souvent des erreurs liées au bon positionnement du corps anatomique humain et à certaines unifications entre éléments de la scène. Un symptôme clair que le logiciel ne comprend toujours pas complètement les éléments qu’il introduit dans la scène.

Selon vous, jusqu’où ira l’IA ?

Cela dépend de la manière dont il sera utilisé dans le domaine architectural. Dans quelques années, nous aurons une énorme quantité de ces images générées par des utilisateurs qui utilisent l'intelligence artificielle, le problème encore plus grand est de savoir comment pouvoir créer certains éléments qui sur une base idéologique, imaginaire et représentative sont possibles, mais qui sont plus compliquées dans le contexte architectural.

Dans ce domaine, certains éléments nécessitent une étude d'architecture intérieure plus approfondie et une mise en œuvre avec des outils de pointe.

Il est important de comprendre que ces logiciels, bien que l'on puisse générer des images inhérentes au monde architectural, restent néanmoins des logiciels très proches d'une génération artistique et donc dépourvus de tout fondement scientifique quant aux bases architecturales. Et c’est dans ce sens que nous devrons poursuivre nos recherches entre architecture et intelligence artificielle, vers une recherche d’une architecture qui tend à avoir une vision artistique.

Quel sera le rôle de l’IA dans nos métiers à l’avenir ?

Nous devrions pouvoir, en tant qu’architectes et spécialistes du domaine de la conception architecturale, ne pas croire aux faux mythes des images d’intelligence artificielle. Certaines de ces images sont potentiellement erronées et préjudiciables au concept même d’architecture.

Nous devons être capables de distinguer des images qui peuvent être une source d'inspiration pour développer une vision synesthésique de l'architecture et qui contribuent à créer un impact plus significatif et plus profond dans le processus créatif. Ces outils ne doivent pas être utilisés pour les concepts d'ingénierie de l'architecture, mais plutôt pour générer des visions innovantes inhérentes aux éléments décoratifs qui composent l'architecture et qui sont désormais rarement inclus dans le processus architectural.

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